La Géorgie : aspects stratégiques, militaires et diplomatique à partir de 2008 Propos Introductifs p. 8 / 219 Chevardnadze en "remerciement" des services rendus en Abkhazie. Les bases de Vaziani et d’Akhalkalaki ont été rendues aux autorités géorgiennes respectivement le 1er juillet 2001 et le 27 juin 2007, selon les accords de Sotchi du 24 juin 1992. Ces bases restent les éléments tangibles de la présence des Russes qui veulent éviter l’installation des forces de l’OTAN après leur départ, au cas où ils partiraient. Depuis lors, les événements de 2008 ont stabilisé la donne. En février 2010, Moscou et Soukhoumi, capitale de l’Abkhazie indépendante, signaient un accord dit de "coopération militaire" d’une durée de 49 ans. L’Abkhazie devient une grosse base militaire russe12. Au sud, la Turquie, considérée comme une tête de pont "occidentale" ou, plus exactement, de l’OTAN, crée la peur d’une tentative d’ingérence de l’OTAN couplant les adversaires traditionnels des chrétientés orthodoxes et l'avant-garde américaine. Dès les premières implosions succédant à l’effondrement de l’URSS dans le Caucase et en particulier au Karabakh, les tentatives d’interventions turques ont été immédiatement considérées par la Russie comme une atteinte grave à sa sécurité intérieure. A l’ouest les quelque trois cents kilomètres de côtes géorgiennes ne sont pas un apport stratégique négligeable pour le contrôle de la Mer Noire, sachant que l’indépendance de l’Ukraine (voire son glissement vers l’Ouest) et la "démocratisation" des pays "frères" (Roumanie, Bulgarie) ainsi que leur intégration à l’Union Européenne, ont réduit considérablement la fenêtre du Kremlin dans la région. Outre l’aspect traditionnel de zone tampon anti-turque, et donc anti-occidentale, la Géorgie a fait, au cours de la décennie 1990, office de protection de la Fédération de Russie. En effet, partageant 80 km de frontières avec la Tchétchénie, les forces de sécurité géorgiennes ont permis en 1994 le survol du territoire géorgien et le passage de troupes russes en application du "traité de Tachkent"13. Cependant, avec l’ouverture à l’Ouest voulue par le Président Chevardnadze, la Géorgie a refusé en 1999 ce qu’elle avait autorisé en 1994 : permettre aux tchéchènes, vivant depuis le XIXème siècle en Géorgie, d'accueillir leurs frères ethniques dans les Gorges de Pankissi pour les protéger des représailles militaires russes ; c’est le fameux épisode de la gorge de Pankissi14 qui prend fin avec les attentats du 11 12 Pierre Verluise, ‘L’Abkhazie et la Russie. dans les griffes russes - Photo’, 2012 <http://www.diploweb.com/L-Abkhazie-et-la-Russie-Dans-les.html> [consulté le 2 octobre 2012]. 13 ‘Conventional Weapons’ <http://dosfan.lib.uic.edu/acda/factshee/conwpn/tashkent.htm> [consulté le 2 octobre 2012]. 14 ‘Springtime of Nations: Caucasus Update: Chechen-Ingush Border Conflict; Female Breakdancing Suicide-Bomber in Dagestan; South Azerbaijani Separatism; Is Georgia Supporting Islamism in Russia?’