La Géorgie : aspects stratégiques, militaires et diplomatique à partir de 2008 Propos Introductifs p. 14 / 219 sur les éventuelles ventes d’armes américaines). Les manœuvres bilatérales américano-géorgiennes, à la veille de la guerre, ou le soutien technologique israélien à la Géorgie, n’a été que de peu d’efficacité face à la réponse russe à l’attaque géorgienne en Ossétie. Aux "révolutions de couleurs" répondent les nouveaux baux signés pour des garnisons russes dans la région. Aux manœuvres de l’OTAN répondent les chars russes et l’indécision ukrainienne face aux mirages atlantiques. A l’indépendance du Kosovo, berceau historique de la Serbie, un peu plus tôt en février 2008, répond la reconnaissance de l’indépendance de l’Ossétie et de l’Abkhazie. Aux tractations pétrolières qui forment le soubassement des manœuvres autour de la Caspienne répond l’exploration annoncée des sous-sols abkhazes et ossètes par la société russe Rosneft30. Meurtrie par la violence d’une guerre à laquelle elle n’avait pas été préparée, aux mains de dirigeants dépassés par une partie de poker jouée un peu vite ou tout du moins trop confiants dans leurs alliés, la Géorgie s’est remise avec peine de l’été 2008. Pourtant, son marché intérieur libéralisé a su résister aux vagues des crises économiques de la même année, grâce en particulier aux aides financières conséquentes des États-Unis. Une amélioration générale des infrastructures et des centres financiers géorgiens se dessine même si tout n’est pas rose près du grand frère et sous la protection du nouvel ami. Que ce soit à l’ombre tutélaire du vainqueur ou bien à celle, plus en retrait désormais, d’une superpuissance qui n’a pas dit son dernier mot dans la région, la position de la Géorgie est peu enviable ; car sa position de carrefour stratégique perdure, la Géorgie restant encore, et pour longtemps, la clé du Caucase, comme l’explique Pierre Razoux31. Si l’été 2008 est une date charnière, le dynamisme de la montée en puissance économique et militaire du pays a continué et n’a pas été stoppé brutalement par le débouché des chars russes. Plus qu’un coup d’arrêt, la guerre de Géorgie est là où tout commence : entre l’échec de la stratégie américaine de déstabilisation régionale et le regain de puissance russe d’une part, l’appétit nationaliste des dirigeants géorgiens mâtiné d’une haine farouche du monde slave d’autre part, les protagonistes n’ont pas dit leur dernier mot. Pour un pays amputé de territoires qu’il considère comme siens, la Géorgie ne fait pourtant pas figure de parent pauvre, ni pour l’économie-monde, ni pour la diplomatie, ni, encore moins, pour le monde militaire. Certes, de par son statut de petite puissance au cœur 30 ‘Rosneft’ <http://www.rosneft.com/> [consulté le 8 septembre 2012]. 31 Pierre Razoux, Histoire de la Géorgie, la clé du Caucase, Ed. Perrin 2009