La Géorgie depuis 2008 : questions militaires, stratégiques et diplomatiques « L'autre rive » de Giorgo Ovashvili (France, Géorgie, 2010)      Contraints à l'exil à cause du conflit avec la Russie, des populations entières de  Géorgie se sont retrouvées dans une misère bien plus grande qu'elles ne connaissaient  déjà...        Parmi eux, le petit Tedo a du fuir avec sa mère, passer sur "l'autre rive" sans son  père, contraint de rester défendre son pays... Quelques années ont passé dans la  tristesse et l'extrême pauvreté : sa mère en est réduite à se prostituer et Tedo essaie de  trouver de l'argent comme il peut, en volant ou en se faisant exploiter dans un garage,  pour l'empêcher de continuer une telle horreur...         A12 ans. il décide de partir seul sur les routes à la recherche de son père, même si  celui-ci est peut-être mort, parce qu'il ne supporte plus une telle existence. Commence  alors une odyssée cauchemardesque à travers des territoires dévastés, habités par des  fantômes dont la plupart ont perdu toute humanité... Aj cours de son voyage, le jeune  Tedo subira la cruauté des hommes. Il se fera jeter violemment hors d'un train en  marche et assistera impuissant au viol d'une jeune fille et à l'exécution sommaire d'un  pauvre homme défendant une vieille femme, qui n'a plus assez d'argent pour graisser la  patte d'un soldat afin de passer un barrage militaire...         Atroce mais jamais misérabiliste, l'histoire de ce jeune garçon impose le respect.  Toujours digne, jamais désespéré, il continue et avance pas à pas vers ce qu'il croit  l'aidera : retrouver son père... Tant qu'il a ce but. il sait que rien n'est tout à fait  désespéré, au fond. Et même lorsqu'il comprend que tout est vain à la fin du film,  lorsqu'il apprend que son père s'est remarié et a eu d'autres enfants, qu'il l'a finalement  certainement oublié. Tedo répond à toute cette vie merdique par un sourire, qui inonde  ses lèvres... Il ferme alors les yeux et voit en rêve ce dont un autre garçon lui avait  laissé imaginer en lui décrivant des pays lointains : des girafes et des éléphants dans la  savane... Ce petit garçon « ambigu » - il ressemble à un enfant mais a une vie d'adulte ;  il demeure attachant malgré son strabisme qui lui donne l'allure d'un monstre de foire -,  trouve ainsi refuge dans le rêve, dans la vision idéale d'un monde espéré... La force de  son imagination lui permettra-t-elle encore de survivre dans ce monde dévasté ?         Tout le film est enfin porté par une lumière magnifique, qui ressemblerait à un rêve  si elle ne nous donnait pas à voir des choses aussi tragiques. On admire une mise en  scène gracieuse et maîtrisée, riche d'une puissance esthétique incroyable ! Le   réalisateur parvient à capter avec une émotion infinie toute la tristesse mélancolique qui  rend si beau ces visages de l'Est, terrassés par la misère ambiante... On suit son jeune  héros avec toute la peine et la peur que lui-même n'a plus le loisir de ressentir. Certains  plans restent en mémoire, comme autant de démonstrations merveilleuses d'un  immense talent : citons à titre d'exemple ce travelling sublime qui suit le petit garçon  descendant une colline, sa silhouette qui se détache dans le ciel, et cette lumière  insensée et inédite au cinéma... Juste « waouh » ! 
Météo Tbilissi
Georgia
Plan du site